OPERAT évolue, ce qu’il faut retenir de l’arrêté « Valeur Absolue VI »
Le dispositif Éco Énergie Tertiaire poursuit sa structuration réglementaire avec la publication, début octobre 2025, du nouvel arrêté « Valeur Absolue VI ».
Ce texte, très attendu par les acteurs publics et privés du secteur tertiaire, marque une étape majeure dans l’application du Décret Tertiaire, en fixant enfin les valeurs absolues manquantes, en consolidant le rôle d’OPERAT comme plateforme nationale unique et en actualisant plusieurs éléments techniques de calcul.
Cette évolution confirme la montée en maturité du dispositif et son ancrage comme outil central de la transition énergétique du parc tertiaire français.
Tous les secteurs tertiaires disposent désormais d’objectifs 2030
Jusqu’à présent, plusieurs activités échappaient encore à la logique des « valeurs absolues », faute de références disponibles pour mesurer leurs performances énergétiques. L’arrêté « Valeur Absolue VI » vient combler cette lacune en définissant des objectifs chiffrés de réduction de la consommation énergétique à l’horizon 2030 pour les derniers secteurs restants.
Parmi les nouveaux entrants figurent :
les commerces de détail et centres commerciaux,
les cinémas et lieux culturels,
les services funéraires,
les banques et établissements financiers,
ainsi que d’autres activités tertiaires spécifiques (enseignement privé, lieux de culte, etc.).
Ces valeurs absolues viennent s’ajouter à celles déjà publiées lors des précédents arrêtés (I à V), couvrant l’essentiel du spectre tertiaire (bureaux, hôtellerie, enseignement public, santé, logistique, etc.).
👉 Concrètement, cela signifie qu’aucune activité tertiaire n’est désormais dépourvue de trajectoire réglementaire.
Chaque bâtiment, quelle que soit sa fonction, peut désormais être évalué par rapport à un seuil de performance énergétique exprimé en kWh/m²/an, ajusté selon sa typologie et son usage.
Ces nouvelles valeurs permettent :
d’assurer l’équité entre les différents types de bâtiments,
de simplifier le suivi et la comparaison des performances à l’échelle nationale,
et de renforcer la crédibilité du dispositif Éco Énergie Tertiaire dans la perspective des objectifs européens de neutralité carbone.
OPERAT devient l’unique plateforme de référence pour le Décret Tertiaire
Autre changement d’envergure : OPERAT devient désormais le seul canal officiel pour le suivi des obligations du Décret Tertiaire.
Jusqu’ici, certains acteurs pouvaient encore se référer à des annexes externes (notamment l’annexe VII) pour compléter leurs reportings.
Désormais, la saisie, le suivi et le pilotage des données se font exclusivement sur OPERAT, la plateforme développée et administrée par l’ADEME.
Ce recentrage offre plusieurs avantages majeurs :
Centralisation des informations : toutes les données de consommation (électricité, gaz, chaleur, froid, etc.) sont rassemblées dans un espace unique, facilitant la gestion multisite.
Traçabilité et conformité : OPERAT garantit la fiabilité des données transmises et leur conformité avec les exigences réglementaires, limitant ainsi les erreurs d’interprétation.
Pilotage collaboratif : la plateforme facilite la coordination entre propriétaires, exploitants, et mandataires, en permettant la délégation et la mutualisation des suivis énergétiques.
Pour les responsables techniques, cette évolution simplifie les démarches administratives et permet d’obtenir une vision consolidée de la trajectoire énergétique de leur parc immobilier.
OPERAT devient ainsi un véritable outil de pilotage et de reporting carbone, au-delà de sa fonction déclarative initiale.
Une phase transitoire jusqu’au 1er juillet 2026
Le gouvernement a choisi d’introduire une phase transitoire de près de deux ans, afin d’accompagner progressivement les entreprises et collectivités dans l’adoption du nouveau cadre.
Jusqu’au 1er juillet 2026, deux obligations majeures deviennent facultatives :
l’attestation annuelle de conformité,
et l’affichage public obligatoire des résultats énergétiques.
Ces deux fonctionnalités restent cependant déjà disponibles dans OPERAT pour les acteurs souhaitant anticiper et se mettre en conformité avant l’échéance.
Cette période de souplesse vise à :
laisser le temps aux acteurs tertiaires d’adapter leurs outils internes,
permettre aux intégrateurs et plateformes de données de se synchroniser avec OPERAT,
et stabiliser les process avant la généralisation des contrôles et des sanctions prévues par la réglementation.
En d’autres termes, les deux prochaines années seront cruciales pour consolider la gouvernance de la donnée énergétique au sein des organisations et préparer la montée en puissance du dispositif.
Des annexes techniques mises à jour pour un suivi plus précis
L’arrêté « Valeur Absolue VI » s’accompagne de la publication de nouvelles versions des annexes techniques du Décret Tertiaire.
Ces documents, souvent complexes mais essentiels, définissent les méthodes de calcul, les facteurs de conversion et les indicateurs de performance énergétique utilisés par OPERAT.
Parmi les principales évolutions :
Mise à jour des facteurs de conversion pour les différentes sources d’énergie (gaz, électricité, chaleur fatale, etc.), afin de mieux refléter la réalité des mix énergétiques français et européens.
Ajustement des tableaux de référence, notamment pour les bâtiments atypiques ou multifonctionnels.
Clarification des modes de calcul des consommations finales et corrigées, en intégrant les paramètres climatiques (degrés-jours unifiés, corrections météo).
Ces mises à jour, bien qu’à première vue techniques, ont un impact direct sur les bilans énergétiques déclarés.
Elles garantissent une meilleure comparabilité dans le temps et permettent aux décideurs d’appuyer leurs stratégies sur des données plus fiables et plus représentatives des réalités opérationnelles.
Un nouvel indicateur énergétique : le Gaz Naturel Liquéfié (GNL)
Le dernier ajout notable concerne l’intégration du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) parmi les vecteurs énergétiques désormais suivis dans OPERAT.
Son facteur d’émission carbone est fixé à 0,238 kgCO₂e/kWh, en cohérence avec les valeurs utilisées dans les bilans réglementaires et les référentiels de l’ADEME.
Cette nouveauté répond à une évolution des usages : le recours au GNL s’est accru ces dernières années, notamment dans les secteurs logistiques, portuaires et industriels disposant d’installations de stockage.
En intégrant le GNL, le dispositif renforce la complétude de son inventaire énergétique et permet un suivi plus fin des émissions associées à la consommation d’énergie fossile.
C’est également un signe de convergence entre les référentiels OPERAT, les bilans GES et les démarches ISO 50001, favorisant une lecture cohérente du reporting carbone à l’échelle nationale.
Ce qu’il faut retenir : un cadre stabilisé et plus opérationnel
Avec cet arrêté, le dispositif Éco Énergie Tertiaire atteint une forme de maturité réglementaire.
Les grandes lignes sont désormais connues, les objectifs sont fixés, et les outils sont en place.
En résumé :
Tous les secteurs tertiaires disposent désormais de leurs valeurs absolues de référence pour 2030 ;
OPERAT devient le guichet unique pour la saisie et le suivi des données ;
Une période transitoire s’étend jusqu’au 1er juillet 2026 pour laisser le temps à tous les acteurs de s’adapter ;
Les annexes techniques sont mises à jour pour plus de précision ;
Et le GNL est désormais intégré comme source d’énergie suivie dans le dispositif.
Ces évolutions traduisent la volonté du gouvernement de renforcer la cohérence et la lisibilité du pilotage énergétique du parc tertiaire, qui représente plus de 940 millions de m² en France.
Comment UrbanThink peut vous accompagner
Au-delà du respect réglementaire, la réussite du Décret Tertiaire repose sur la capacité à structurer, fiabiliser et valoriser les données énergétiques.
C’est dans cette optique qu’UrbanThink Platform et sa solution ThinkCities® accompagnent déjà de nombreux gestionnaires publics et privés :
Connexion aux données OPERAT et compteurs énergétiques (API, imports automatiques, fichiers ADEME)
Suivi des consommations et trajectoires de réduction via des tableaux de bord interactifs
Analyse carbone multi-énergie, intégrant les facteurs d’émission officiels
Génération de rapports et visualisations facilitant la communication interne ou externe (RSE, investisseurs, partenaires institutionnels)
Grâce à ces outils, il devient possible non seulement de piloter la performance énergétique, mais aussi de valoriser les efforts engagés dans une logique d’adaptation, de résilience et de décarbonation durable.







